Chère lectrice, cher lecteur,
« Le pinard, ça devrait être obligatoire ! » Qui ne se souvient pas de cette chute célèbre d’un sketch de Coluche ?
Il se trouve aujourd’hui que le vin est désormais beaucoup moins « obligatoire » que par le passé…
Ainsi, l’année 2024 a été la pire de longue date pour le vin[1], avec
- un recul des achats mondiaux de 3,13 %
- Une consommation à son plus bas niveau depuis 1961
- Une baisse de la consommation de 3,6 % en France et de 2,8 % dans l’ensemble de l’Union européenne
- La production de 2024 a été la plus faible du XXIème siècle, et la pire depuis plus de 60 ans, avec une baisse de près de 5 % due à des conditions climatiques (sécheresses comme averses) particulièrement mauvaises.
Résultat : l’Union européenne a décidé de prendre des mesures drastiques pour protéger ce secteur stratégique[2]. Ces réformes, si elles passent pour utiles, n’attaquent pas le problème à la racine.
Car avec le vin, c’est tout un équilibre de vie qui est attaqué
Le vin n’est pas que mauvais pour la santé
Certes, en consommation excessive, le vin n’est pas bon. Toutefois, reconnaissons-lui deux qualités.
La première est de permettre de s’égayer en buvant des produits de meilleure qualité que d’autres alcools plus nocifs.
Ceci paraîtra curieux, mais songeons-y : le vin, c’est l’ivresse apprivoisée. Un bon vin, c’est un bon moment partagé : pas besoin d’en boire des litres et des litres.
Avec le vin, on n’a pas ce phénomène si courant dans la jeunesse il y a une dizaine d’années, appelé le binge drinking, et qui consiste à boire de l’alcool fort jusqu’à perdre conscience…

Mieux encore, le vin est à l’origine de ce que l’on appelait jadis le paradoxe français. En effet, il permet de faire baisser le taux de cholestérol et de ne pas subir les méfaits d’une alimentation trop grasse.
Cette étrange capacité, que l’on a découvert après la Seconde Guerre mondiale, est liée au resvératrol, un petit tanin que le vin contient et qui est l’un des plus puissants polyphénols qui soient.
Il s’agit de petites molécules que votre corps apprécie particulièrement, et qui contribuent à votre bonne santé… pour autant que vous en restiez à une consommation raisonnable.
Il se trouve que le paradoxe français avait encore été le sujet d’une étude au tournant du millénaire, réalisée sur un panel considérable de 34 000 personnes durant 12 ans ![3]
Cette étude avait révélé que, à régime égal avec les autres pays occidentaux, la consommation de vin chez les Français réduisait les risques cardiovasculaires de 30 % et les risques de mortalité de 20 %.
Hélas, cet apprivoisement de l’ivresse que représentait le vin commence à se perdre, et avec lui, c’est tout un pilier de notre mode de vie qui se trouve ébranlé.
Pourquoi le vin recule-t-il ?
Le sketch de Coluche que je citais plus haut, « Gérard », parlait déjà de cet état de fait en… 1975.
C’est l’histoire d’un père ivrogne pour qui le vin est un mode de vie, et qui trouve une belle excuse à son ivrognerie : après-guerre, il fallait « éponger » la production excédentaire… c’était patriotique !
Il s’offusque que son fils fume du haschisch (du « hakik »), et qu’il valorise une culture de la tristesse – du moins était-ce l’image que renvoyaient les « baba-cools » à leurs parents.
Certes, la consommation du cannabis a beaucoup progressé en 50 ans. Elle a surtout pris un « créneau » que le vin remplit de moins en moins.
En effet, il y a encore vingt ans, le vin était une boisson populaire et peu chère. Elle tend à l’être de moins en moins.
Aujourd’hui, le bon vin coûte cher, on spécule même sur lui, et se prendre un petit ballon au comptoir n’est plus un geste aussi anodin que par le passé : le prix a beaucoup augmenté.
Le cannabis a donc occupé ce créneau, d’autant que les taux de THC (la molécule psychotrope qu’il contient) ayant beaucoup augmenté dans les plantes, on a besoin de beaucoup moins de produit pour être « ivre ».
En somme, de produit de consommation courante voire franchement quotidienne, le vin est devenu un produit de luxe et de raffinement.
Toute la culture culinaire est devenue un luxe
Le phénomène est frappant, mais si vous vivez dans une grande ville française, vous vous en êtes sans doute rendu compte il y a longtemps.
Les restaurants français ne représentent plus du tout le repas le plus simple et le plus consommé, ni par les employés, ni par les jeunes.
Dans les années 1990 encore, il était normal de rentrer dans un restaurant et de prendre un steak-frites de bonne qualité pour un déjeuner somme toute classique.
C’est de moins en moins le cas : la cuisine française, équilibrée, goûtue, faite de produits de qualité, est plus chère que toutes les autres traditions culinaires à disposition.
Il est moins cher de consommer américain ou asiatique que de se nourrir à la française. Il faut avoir un certain revenu, un certain raffinement.
En somme, notre propre tradition culinaire est devenue « bourgeoise » tandis que ce sont les traditions culinaires étrangères qui sont devenues populaires.
Faut-il « éduquer » au vin ?
Il en va de même du point de vue des critères nutritionnels ou de l’ivresse, comme en témoigne la relative désaffection pour le vin chez la jeunesse, elle qui ne peut plus accéder facilement à des produits de qualité.

Est-ce une raison pour boire du vin outre mesure ? Certainement pas. Mais élever ses enfants dans le goût des bonnes choses permet de faire passer ce goût-là devant celui de l’ivresse.
Car le raffinement permet de prévenir le goût de l’excès (même s’il ne le fait pas totalement passer…)
Et une culture qui sait apprivoiser l’ivresse est une culture qui a une inclinaison pour la bonne santé. C’est notamment ce qui a fait le succès de la culture française dans le monde entier.
Succès qu’elle paie à présent en s’éloignant des goûts de la population même qui l’a faite naître. Le vin est devenu un luxe ? C’est tout le bien-vivre qui en est un désormais.
C’est à nous qu’il revient de le transmettre…
Louis Volta
J’aime boire un bon bordeaux avec un bon repas et des amis, je n’aime pas les autres alcools sauf un peu de porto et je prends aussi du resveratrol ce qui est fait avec des raisins je pense.
Il n’y a pas si longtemps, on constatait que le taux d’alcoolisme était bien plus élevé là où l’on ne produisait pas de vin (en Bretagne et dans le Nord) que dans les régions de tradition viticole. Ce « paradoxe » s’explique très bien, et c’est ce que vous faites : dans un cas la consommation de vin était récente et le seul accessible était si mauvais qu’il fallait le boire cul-sec (ah! Père Benoît, prince Henry, et autres Grappe fleurie !), et dans l’autre on cultivait depuis toujours à la fois le bon vin du terroir et l’art de le déguster. La situation avait pourtant évolué dans le bon sens (finie l’époque où dans une épicerie bretonne, quand vous demandiez une bonne bouteille on vous disait « celui là c’est du bon, il fait 13,5 ° »…), partout on avait appris à connaître et apprécier le bon vin, et donc à boire mieux. Ce nouveau phénomène que vous décrivez et qui touche les jeunes est désolant et très inquiétant.
J’avoue avoir bu du » petit lait » à vous lire ! Hélas en France nous avons décidé de faire de » l’élitisme » l’alpha et l’oméga
de l’artisanat à l’administration de notre pays . Résultat : des » zélites » complètements déconnectés de la vraie vie qui saccage à qui mieux mieux toutes nos traditions culturels , agricoles, artisanales, industriels etc …. ayant comme seule boussole l’idéologie de la rupture . J’ai l’impression d’assister à un suicide ! Vivant depuis 4 Ans au Portugal je mesure au quotidien cette situation et cela m’attriste beaucoup .
Cet « article » est hallucinant et dépourvu de toute base scientifique et médicale, c’est du grand n’importe quoi. Boire pour être gai, éduquer les enfants à la consommation du vin, même de bonne qualité, est criminel, alors qu’on sait que plus on commence à boire jeune, plus les risques d’addiction sont élevés. Cet article est un ramassis de propos erratiques datant d’un autre siècle et aujourd’hui largement contestés par la science. Shame on you!
Il faut voir également cette désaffection de cette boisson traditionnelle par les risques liés aux traitement chimiques lors des cultures et pendant la vinification… risques réels mais peu documentés….la magie de la fermentation alcoolique naturelle versus une fermentation orientée avec des intrants artificiels.
Pour promotioner le vin français cette phrase de Jean Gabin: je boirai du lait quand les vaches mangeront du raisin !
Et ce panneau à la porte d’un petit café en Bretagne : un client qui ne boit pas d’alcool est un espion.
Une très belle citation, merci!