Chère lectrice, cher lecteur,
Il y a quelques jours, je déjeunais avec mon frère Paul, et pour tout vous dire, je l’ai trouvé changé. Et pas forcément en bien.
Il faut dire que par le passé, il avait eu quelques problèmes. Il sortait beaucoup, il avait des rapports assez compliqués avec les femmes, travaillait de nuit. En somme, il avait une mauvaise hygiène de vie (il le reconnaissait volontiers) et cela se voyait sur son physique. Il avait beaucoup maigri, était souvent d’humeur maussade, voire colérique.
Ensuite, il a rencontré la petite Fanny, et ils ont commencé une relation assez paisible. Il a trouvé un travail nettement plus diurne, sa femme est tombée enceinte (alors qu’elle avait déjà 39 ans) et je me suis alors dit qu’il était enfin « rangé » comme on dit.
Et puis…
Et puis il s’est mis à grossir en même temps que sa femme. Pour ma part, je n’y vois pas d’inconvénient – après tout, chacun sa santé. Mais je me demandais quand cela coincerait.
Là, quand je l’ai revu, il était devenu tout replet, dépité, la barbe clairsemée et des seins lui étaient poussés ! Pourtant, le reste du corps était maigre. Il se retrouvait avec la pire complexion possible, celle que les Anglo-Saxons appellent skinny-fat, les chétifs gras.
Je demandai à Paul si ça allait, mais il me paraissait en plus de cela maussade, dépité, sans énergie. Je lui demandai s’il dormait bien, s’il mangeait bien. « Oui, sans doute… » me répondit-il.
Zut ! me dis-je, on a remplacé mon frère par un flamby ! « Et côté sexe, ça va ? » lui demandai-je, intrigué.
- Calme plat, frérot, me répondit-il, et de son côté, et du mien.
- Pour les femmes, c’est un peu normal, après la grossesse… mais toi, Paul, toi, l’étalon des Alpages ! Qu’est-ce qu’il se passe ?
- Je ne sais pas… la maturité peut-être. Il était temps, non ?
- Eh bien, lui rétorquai-je, elle ne te rend pas bien heureux, la maturité !
Et là, qu’ai-je vu ? une larme couler sur la joue de mon frère ! Lui qui deux ans avant était le premier à défendre n’importe qui dans la rue !
- Frérot, c’est bien d’être sensible, mais là – et je ne dis pas ça souvent – je crois que tu dois te reprendre en main, lui dis-je.
- Tu crois que Fanny pourrait me quitter ?
- Il y a pire que de se faire quitter, lui dis-je. C’est quand ta femme reste par dépit. »
Je ne pensais pas qu’il se mettrait à pleurer à chaudes larmes…
L’horreur, quasiment la castration
J’ai raccompagné mon frère chez lui – il n’habitait pas loin – et là, je monte deux minutes, juste pour voir l’environnement dans lequel il passe ses soirées. Environnement entièrement féminin et dédié à leur petite fille. Sauf que la petite fille avait déjà deux ans, alors qu’en regardant l’appartement, on aurait cru qu’elle était née hier.
Et puis je regarde dans le frigo, et là, que vois-je ?

Que du soja. Du lait de soja, des émincés de soja, de la farine de soja, du soja en crème, en tofu, en yaourt, et même de la fausse viande sous forme de soja.
J’ose alors poser la question : pourquoi autant de soja ?
- C’est hypersain, d’après Fanny.
- Mais ce n’est pas une bonne alimentation pour toi, tu le sais.
- J’ai jamais su faire les courses.
- Il faudra que tu apprennes, parce que c’est à cause du soja que tu es dans cet état-là, tu le sais ?
- Mais non, tu dis n’importe quoi…
Heureusement, et c’est quelque chose qui ne s’est à peu près jamais produit avant, mais un site officiel, payé par le contribuable français, était d’accord avec moi ! J’étais encore plus étonné que mon frère !
L’industrie du soja cherche à vous égarer !
Lorsque vous compulsez les études sur la dévirilisation due au soja, vous tombez sur une méta-étude, c’est-à-dire sur une étude qui fait le résumé de la plupart des études précédentes concernant un sujet en particulier.
Il faut se méfier des méta-études, même si elles peuvent être très utiles pour se poser des questions. Car elles posent un important problème de méthode.
Lorsqu’on réalise une étude sur un sujet en particulier, les chercheurs tentent de mettre en lumière un phénomène scientifique en essayant de souligner sa répétition dans des cas qui, pour une science pratique comme la médecine, ne peuvent jamais être rigoureusement les mêmes.
Un scientifique intègre doit donc toujours se poser la question : « Est-ce que je n’oriente pas l’étude vers les conclusions que j’ai déjà en tête ? »
Mais là, nous tombons sur le revers de cette question, si j’ose dire, car les auteurs prennent des études disparates, dont la dévirilisation n’est pas le sujet, pour la déduire. Cela donne des contorsions méthodologiques qui rendent l’article pour le moins partial.
Ainsi, l’article ne vise pas directement la dévirilisation, mais la baisse de testostérone causée par une seule molécule propre au soja (et non pas le totum de la plante), qui est l’isoflavone – une hormone féminisante.
Et pourtant, qu’apprend-on dans les conclusions ?
Que sept des études sélectionnées ont montré qu’au-delà d’une certaine consommation d’isoflavone (100 mg/jour), on observait effectivement une baisse de testostérone ! Et en plus, très peu des études sélectionnées ont été faites sur des hommes en bonne santé, et moins encore dans la force de l’âge.
On s’étonne un peu de la mauvaise foi de l’article scientifique en question, du moins jusqu’à ce qu’on lise les dernières lignes, qui sont celles des conflits d’intérêt. Et là, tout est clair : les chercheurs sont directement liés à l’industrie du soja ![1]
Même le gouvernement français est plus transparent sur la question, c’est dire…
Quand le gouvernement s’inquiète, il est déjà très tard
Il est étonnant que sur cette question, le gouvernement français soit en pointe, mais il est vrai que la France a longtemps eu une politique volontiers nataliste, ce qui laisse des réflexes jusque dans les recommandations officielles, visiblement.
L’année dernière, la revue Que Choisir relevait que notre pays était le seul à s’inquiéter de cette situation[2], qui pourtant méritait qu’on s’en préoccupe.
Le même article montrait à ce titre qu’une seule galette de soja contenait 46 mg d’isoflavone, cette hormone féminisante qui terrasse la virilité.
Or la méta-étude que j’ai citée précédemment, malgré toute sa partialité, évaluait la baisse de la production de l’hormone masculine, la testostérone, à partir d’une consommation de plus de 100 mg d’isoflavone par jour.
En somme, au-delà de deux galettes de soja par jour, votre masculinité est en danger…
Quoique moins précises, on trouve de telles recommandations sur la page dédiée à la question par le gouvernement français. Et les objurgations officielles sont pour le moins éloquentes, même si elles visent davantage les femmes[3]. On y apprend ainsi :
- que le soja est un perturbateur endocrinien ;
- qu’une « consommation excessive » commence au-delà de 40 mg d’isoflavones par jour, soit moins qu’une galette de soja ;
- que ces « excès » contribuent à réduire « l’absorption intestinale du fer contenu dans les végétaux, ainsi que celle du calcium, du magnésium, du zinc, du manganèse et du cuivre » – bref : c’est la déminéralisation ;
- que les isoflavones peuvent engendrer des « effets indésirables graves » et que les produits qui en contiennent sont contre-indiqués pour les enfants, les femmes enceintes, ainsi que celles dont les familles ont des antécédents de cancers hormonaux (sein, utérus, ovaires) – étonnant que ça ne soit pas indiqué sur les boîtes de galettes de soja… ;
- que les isoflavones ont une incidence sur la fertilité masculine (donc sur la virilité de facto) et que les hommes ayant des problèmes de prostate devraient s’abstenir d’en prendre (quelle surprise…).
Conclusion ? Le gouvernement recommande de ne pas servir d’aliments à base de soja dans le cadre de la restauration collective, pour toutes les catégories d’âge…
Il n’en fallait pas moins pour convaincre mon petit frère d’aller s’acheter quelques steaks de vraie viande et de se remettre au rameur…
Et vous, vous en êtes où avec le soja ? N’hésitez pas à nous faire part de vos expériences dans les commentaires.
Portez-vous bien,
Louis Volta
Sources
[1] Katharine E. Reed, Juliana Camargo, Jill Hamilton-Reeves, Mindy Kurzer, Mark Messina (2021)« Neither soy nor isoflavone intake affects male reproductive hormones: An expanded and updated meta-analysis of clinical studies », in Reproductive Toxicology,Volume 100, 2021, pp. 60-67.
[2] https://www.quechoisir.org/actualite-soja-un-aliment-a-eviter-n125986/ – Elsa Abdoun, « Soja, un aliment à éviter ? », in Que Choisir, 20 juin 2024. [3] https://www.sante.fr/decryptage/nos-reponses/le-soja-est-il-un-perturbateur-endocrinien – SPIS (service public d’information en santé), « Le soja est-il un perturbateur endocrinien ? »,in Santé, 27 mars 2025.