La fin des villes ?

Chère lectrice, cher lecteur,

Qui n’aime pas vivre dans un environnement convivial, agréable ? C’est pour cela d’ailleurs que le prix de l’immobilier dépend tout entier de l’emplacement du bien en question.

Cependant, dès après la Seconde Guerre Mondiale, on a vu apparaître des cités-dortoirs. Certaines insoutenablement laides, avec leurs barres d’immeubles, et d’autres un peu plus vivables, avec leurs pavillons.

Bien sûr, le caractère plus ou moins agréable de ces villes dépendait de la capacité à se sentir proche du centre névralgique de l’activité, c’est-à-dire la grande ville.

D’où l’importance de la voiture, de la télévision (qui donne les nouvelles nationales comme si on y était), et des transports en commun.

La possibilité d’avoir les avantages de la ville et ceux de la campagne (plus d’espace, du terrain pour les enfants, un air sain) a séduit une part considérable de la population.

Hélas, depuis 30 ans au moins, ce modèle est en panne :

  • Les centres-villes sont de moins en moins accessibles à la voiture et les transports en commun ne sont pas à la hauteur
  • La télévision puis internet n’ont fait qu’attester de la rupture entre les centres de décision nationaux et leur « périphérie »
  • Et surtout, les centres des petites villes ont été vidés par l’arrivée des centres commerciaux

Le petit commerce a donc subi depuis plusieurs décennies des coups économiques violents, et la pandémie, en conditionnant les aides à ce que les négociants arrivaient à déclarer sans couler, les a achevés.

Il s’est même trouvé un chroniqueur de la radio nationale, Guillaume Meurice, payé avec leurs impôts, qui s’est réjoui de leur disparition…

Cependant, il semble que les centres commerciaux, qui n’ont jamais été tellement beaux et agréables, commencent eux aussi à déchanter. À cause de ce que l’on appelle le Drive.

La revanche du petit consommateur ?

Le Drive, terme fort laid dans une langue qui n’est pas la sienne, signifie « conduire ». Il vient de l’anglais drive through (« conduire à travers »).

En effet, aux Etats-Unis, qui sont un pays où l’on peut tout faire en voiture, cela fait des décennies que vous pouvez aller vous chercher à manger sans descendre du véhicule et être directement servi à l’intérieur.

Remarquez qu’il s’agit d’une attitude spécifique à la consommation de malbouffe et que cette « innovation », arrivée en France il y a quelques années, a déjà eu un certain succès.

Rappelons aussi que durant sa dernière campagne électorale, Donald Trump a pris le costume de guichetier de Drive Thru pour une célèbre enseigne de vente de hamburgers.

Ce qui l’a montré dans un rôle éminemment populaire et a sans doute contribué à accroître la faveur du public à son égard…

A la suite de cela, ce que l’on appelle le Drive en France consiste dans une triple offre : soit vous allez chercher vos courses en voiture (le Drive proprement dit), soit vous vous faites livrer, soit vous récupérez votre commande à mi-chemin.

Et cela change non seulement l’attitude des consommateurs, mais cela risque aussi de transformer considérablement notre mode de vie.

Le succès « insolent » du Drive

L’expression n’est pas de moi, mais de notre cher Olivier Dauvers, chroniqueur sur RTL et expert de la consommation[1].

En effet, le Drive représente aujourd’hui un marché de 14 MILLIARDS d’euros ! Ce qui représente une progression en un an de plus de 5%. Quand on sait que nos statisticiens ont du mal à trouver à la France 1% de croissance annuel…

Cependant, les personnes qui achètent de cette façon-là prennent plus d’articles par panier et dépensent un peu plus d’argent, il ne faut pas s’y fier complètement.

Car il s’agit surtout d’une rationalisation des dépenses : on consomme une fois pour toutes, et pour toute la famille.

Ainsi, sur 3 ans, Olivier Dauvers parle plutôt de « maîtrise budgétaire » : de moins en moins d’articles sont achetés et moins d’argent est dépensé. En somme, la pratique paraît plus dispendieuse à court terme, mais elle l’est moins à plus long terme.

Pourquoi ? parce qu’on va de moins en moins au supermarché, qu’on se laisse de moins en moins séduire par l’achalandage et par la nouveauté.

Ceci a une conséquence directe sur les centres commerciaux. J’ai été très étonné dernièrement, de passage à Paris, d’y voir un centre commercial entièrement fermé, où ne restait que l’hypermarché, avec deux fois moins de monde dedans qu’auparavant.

La ville est désormais un luxe

En fait, la vie conviviale, celle où l’on avait ses commerçants de bouche tout proches, où l’on pouvait discuter avec les autres, se retrouver au café – bref, la vie de quartier est devenue un luxe.

D’ailleurs, bientôt, il faudra aller dans les centres des grandes villes pour savoir ce qu’est une boutique, car elles ont commencé à disparaître.

Cela a des conséquences catastrophiques pour le tissu social, et pas seulement pour la vie quotidienne.

Le commerce appartient aux grands groupes, l’initiative individuelle est déconsidérée, la conformité et l’indifférence à autrui deviennent la norme.

Les Etats-Unis, qui ont toujours trop d’avance sur nous, nous montrent une société où les petits commerces sont la chasse gardée des classes aisées, et où manger des produits de bonne qualité est une gageure.

En effet : tout ce qui se vend doit être conçu selon les normes d’un marché immense, et donc pour des raisons de conservation et de rentabilité, de très faible qualité.

Les villes américaines sont d’ailleurs plutôt des agglomérations de banlieues autour d’un ou deux quartiers touristiques.

Cependant, il ne faut pas croire que cela soit sans conséquence sur la société en général : il n’y a pas de solidarité qui tienne longtemps dans une société qui ne se mélange pas.

Et il n’y a pas beaucoup de bonheur dans une société qui ne discute pas ensemble sur le marché et au café – beaucoup de solitude et de tristesse, qu’aucun réseau social ou antidépresseur n’arrive à combler.

Aussi, le Drive n’est pas seulement un danger « pour la conso », comme le dit Mr Dauvers. C’est l’autre nom du délitement du tissu social.

Dites-moi ce que vous en pensez, j’ai hâte de vous lire.

Louis Volta 


Sources [1] https://www.olivierdauvers.fr/2025/10/05/et-si-le-developpement-du-drive-etait-une-menace-pour-la-conso/ — Olivier Dauvers, « Et si le développement du drive était une menace pour la conso… » in Olivier Dauvers, 5 octobre 2025.







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