Chère lectrice, cher lecteur,
Il y a quelques jours, mon oncle m’appelle en catastrophe : « Louis, il faut que tu m’aides, s’il te plaît ».
Comme j’aime bien mon oncle, je me tenais prêt pour lui donner un coup de main. Et il était bien entendu question d’achats sur internet.
Il se trouve qu’il avait voulu se procurer du matériel de chaîne hi-fi pour plus d’un millier d’euro. Et l’essentiel de ce qui se vend dans ce domaine, comme dans presque tous les domaines désormais, se fabrique en Chine.
Il lui était donc difficile de discerner les différences de prix et de matériel. Pour cela, il s’était rendu sur AliExpress. Et rien que ça, c’est tout un poème…
Beaucoup plus que 40 voleurs
Les Chinois ont leur Amazon, qui s’appelle Alibaba. Et la version d’Alibaba accessible aux Européens s’appelle AliExpress. C’est sur ce site qu’est allé mon oncle.
Mais si dans le conte assimilé aux Mille et une nuits, Ali Baba arrive à se débarrasser des 40 voleurs, il faut croire que depuis lors, ils se sont plutôt mis à son service…
En effet, chez AliExpress vous payez systématiquement pour des produits de qualité médiocre, jamais destinés à durer bien longtemps. Mais au moins, pour cela, vous payez le prix le moins cher possible. Avec le service après-vente qui va avec…
Il se trouve aussi qu’AliExpress alimente tout le marché du dropshipping.
Derrière ce terme barbare se dissimule tout un système assez douteux. Des influenceuses francophones installées à Dubaï font la promotion de produits de très basse qualité qui, par leur intermédiaire, sont cédés à prix d’or.
Car si vous faites un petit tour sur le site chinois, vous retrouvez les produits pour un prix dérisoire. Comme cet ami qui a acheté une bague viking en acier à 40 €, alors qu’elle valait 3 € sur AliExpress !
Mais ce qui est arrivé à mon oncle est hélas bien plus grave.
Cela faisait des années qu’il en rêvait
Mon oncle est un mordu de chaînes hi-fi, et cela fait des mois (sinon plusieurs années) qu’il économisait pour pouvoir s’en racheter une qui soit performante.
Mais il n’y a qu’à travers AliExpress qu’on trouve des prix « fabricants » — ils sont presque tous en Chine maintenant. Si vous demandez à des revendeurs européens ou américains, ce sera le prix double, purement et simplement, et pour les mêmes machines.
Se disant qu’il pouvait entrer en contact avec les fabricants, ou avec les détaillants les moins gourmands, il ne voyait pas le problème de passer par AliExpress.
Après tout, il avait fait déjà fait des dizaines de transactions sur le site, pour des montants de 100 ou 200 € — parfois même un peu plus.
Il croyait donc que les transactions étaient sécurisées. Il tente l’achat d’abord, mais la banque le refuse – c’est un montant d’un peu plus de 1000 €, et les banques sont responsables en cas d’arnaque désormais.
Puis il demande à la banque d’ouvrir la transaction et il retourne sur le site. Il paie… et là (oh ben alors !) un bug se produit.
L’argent a été envoyé mais la commande a disparu
La page de transaction s’interrompt et il se retrouve à nouveau sur le site : aucune commande n’a été validée, aucun numéro de reçu, aucun courriel de confirmation.
Mais de cela, il ne s’en est rendu compte que quelques jours après, quand il n’a pas vu arriver sa commande. Il pensait que comme sur n’importe quel site européen, il y avait toujours un historique des transactions.
Mais ce n’est pas le cas avec AliExpress.
Leur système est assez pervers : vous passez commande et vous payez ensuite. S’il y a un bug, comme cela s’est produit pour mon oncle, la commande s’annule au bout de 24 heures, considérée comme non payée.
De cette façon, ils gardent l’argent et il n’existe aucune correspondance entre votre paiement et la commande qui a été passée. Circulez, il n’y a rien à voir !
« La transaction n’existe pas »
« Vous voulez réclamer l’argent qui a été envoyé, mais pour quelle commande, monsieur ? Il n’y a aucun montant qui corresponde à cette commande annulée. »
C’est exactement ce que vous répond AliExpress.
Et ils sont coutumiers du fait : il est arrivé la même chose à un de mes amis, dont le sous-traitant avait annulé sa commande (pour la renégocier…) mais dont la fenêtre de paiement était encore ouverte de façon à avaler son argent sans retour.
Il avait fallu un mois à mon ami en tractations pour récupérer l’argent. Il s’en était littéralement arraché les cheveux. Mais à l’époque, on pouvait encore écrire à AliExpress sans mentionner une transaction particulière.
Maintenant, le système est fait pour vous voler sans laisser de trace autre que la ponction sur votre compte en banque, dont ils ne tiennent naturellement pas compte…
Déposer plainte, mais pour quoi faire ?
Nous voulions déposer plainte, mais entre le prix de l’avocat et AliExpress qui est domicilié au Luxembourg (comme par hasard…), il est presque certain que cela va coûter à mon oncle autant en frais que l’argent qui lui a été volé.
Cela nous rappelle que chaque fois que nous commerçons avec la Chine, même dans la légalité, nous sommes perdants. Nous y perdons notre temps, notre argent, notre santé, nos emplois et l’avenir même de notre économie.
Il serait temps que nous limitions nos interactions économiques avec ce régime sanguinaire et malhonnête, parce que même lorsque nous avons l’impression d’en sortir gagnants, nous ne le sommes pas.
J’ai écrit une pétition pour faire en sorte que les banques françaises excluent toute transaction avec AliExpress. N’hésitez pas à la signer. Il est hors de question que le public continue d’être lésé par une entreprise aussi lamentable.
Et si vous avez des expériences similaires, je serai très heureux de vous lire,
Louis Volta
