Chère lectrice, cher lecteur,
La nouvelle a ému toute la France (ou presque) : dans un an, il n’y aura plus de découvert autorisé au-delà de 200 €[1].
Si vous dépassez les 200 €, la banque étudiera votre solvabilité et, le cas échéant, vous imposera un crédit à la consommation (aux limites de l’usure, naturellement).
Il s’agit de l’application d’un règlement européen qui, on s’en doute, est là pour soulager un peu les banques qui à force de spéculer, sont bien en peine d’avoir assez de fonds propres pour prêter de l’argent sans s’effondrer.
Alors supporter une France qui est de plus en plus dans le rouge, les banques en sont de moins en moins capables. Et c’est le cas dans bien d’autres pays d’Europe.
Il faut dire que, rien qu’en France, presque un tiers des Français est dans le rouge au moins une fois par an, et 8 % le sont tous les mois[2]…
Nous pourrions certes arguer du fait que les agios, ces intérêts qui s’ajoutent si facilement aux découverts, relèvent peu ou prou du même genre d’extorsion qu’un crédit à la consommation.
Ce nouveau règlement ne serait donc en fait qu’une contrainte pour les banques, qui devraient justifier légalement de l’argent qu’elles arrachent aux Français modestes, lesquels sont de plus en plus dépassés par un coût de la vie faramineux.
Mais c’est oublier que la France ne peut plus fonctionner sans les découverts bancaires, et qu’à force de jouer avec cela, on risque l’explosion sociale.
Même les banques meurent
Depuis la crise des subprimes (2008-2012), les banques, qui jouent avec l’argent des comptes bancaires depuis 1986[3], n’ont cessé d’être dans le rouge.
Vous devez l’avoir vu vous-même : des effectifs réduits, des agences qui ferment (même à Paris), des conseillers bancaires que l’on épuise et que l’on remplace « comme des kleenex » — autant de signes d’un secteur en difficulté.
De fait, dans une économie européenne qui ne produit plus rien, qui n’investit que dans la spéculation boursière ou immobilière, et qui n’est pas en mesure de placer son argent là où il fait des petits (c’est-à-dire dans l’industrie chinoise), elles n’ont jamais réussi à réellement se renflouer.
Donc les banques françaises, comme leurs semblables en Europe, sont fragiles. Les comptes des Français avec lesquels elles pouvaient faire joujou ne représentent plus la manne d’autrefois.
Ce règlement européen scandaleux sert donc à réguler cette hémorragie d’argent que représentent les comptes à découvert, notamment dans une France qui a presque toujours un salaire de retard sur son train de vie et qui vit totalement à crédit.
Le compte à rebours de l’explosion sociale
Sauf que… les gens qui sont à découvert ne le sont plus pour leurs petits plaisirs. Ils le sont pour se nourrir : eux, leurs enfants, et parfois mêmes leurs aînés.
Il ne s’agit donc pas de corriger le tir d’une France qui vivrait un peu au-dessus de ses moyens, mais de nourrir un pays qui n’arrive plus à joindre les deux bouts.
D’autant que l’économie est complètement asphyxiée par les normes qui ont servi à tuer la petite entreprise au profit des grands consortiums, seuls capables de s’adapter aux législations de plus en plus délirantes.
De fait, il est désormais presque impossible de faire un petit boulot par-ci, un petit extra par-là.
Même la zone grise que représente la micro-entreprise est devenue une impasse. Elle empêche de toucher le minimum vital, le RSA, et les clients, pour beaucoup, ne paient plus, à cause de leurs propres arriérés de dettes…
Il y a eu 66 000 faillites pour l’année 2024, un niveau qui alarme l’État lui-même[4]. Et quand il parle de création d’entreprises, ce sont en fait des micro-entreprises qui servent à employer bien souvent des clandestins…
Le constat reste donc terrible, et la conséquence va l’être encore plus. Cette mesure sur les découverts qui arrivera en fin de mandat d’Emmanuel Macron, va laisser une France toute prête à exploser à la veille de l’élection présidentielle.
Comment vous en sortir
Cette nouvelle est, certes, d’abord très mauvaise pour les Français qui ne s’en sortent pas, et qui seront poussés, comme tous ceux qui ont faim, à des actes violents quand ils se verront refuser un découvert pour acheter un paquet de pâtes.
La Commune de Paris nous l’a assez prouvé jadis, comme Émile Zola en avait témoigné dans son célèbre roman, La Débâcle.
Mais cette nouvelle est aussi très mauvaise pour les Français qui arrivent encore à s’en sortir. Car un tel règlement est un aveu de faiblesse assez consternant de la part des pouvoirs publics.
Cela signifie que le système bancaire européen tout entier n’est plus en capacité de supporter les découverts croissants des petites gens, qui ne peuvent vivre, société de surveillance oblige, sans compte bancaire.
Il vaut donc mieux commencer à vous tourner vers d’autres moyens d’épargne, notamment les métaux précieux, dont le cours « explose » depuis quelques temps.
« Prends l’oseille et tire-toi »
Car les banques ont votre argent, mais elles ont de plus en plus de mal à vous le restituer… et elles n’en seront peut-être, un jour, plus capables du tout, comme cela s’est passé en Argentine, en Grèce et au Liban…
L’euro numérique, qui consisterait en une surveillance permanente et généralisée des Européens, passerait alors pour être la solution, du moins pour verrouiller un système dirigé par des incapables qui ont mené l’économie européenne à la ruine.
Mais celui-ci représenterait tout simplement la fin de la banque privée, puisque tous les Européens seraient affiliés à la Banque Centrale Européenne.
Même la bourgeoisie financière tremble à cette idée. Zéro spéculation, zéro initiative : un système figé pour ne pas tomber.
Alors personne ne sait comment cela va finir. Tout le monde attend en espérant ne pas être le dindon de la farce. Sauf les Français les plus modestes qui ont de moins en moins à perdre…
Le Titanic a heurté l’iceberg, ce n’est pas le moment de rester écouter la belle musique.
Dites-moi ce que vous en pensez. Au plaisir de vous lire,
Louis Volta
Sources
[1] https://www.ouest-france.fr/economie/banques-finance/les-decouverts-bancaires-cest-fini-ou-pas-on-vous-explique-les-nouvelles-regles-809254ca-b7fb-11f0-82c7-21cf9bb02d71 — Thomas Bronnec, « Les découverts bancaires, c’est fini ou pas ? On vous explique les nouvelles règles » in Ouest-France, 2 novembre 2025 [2] https://rmc.bfmtv.com/conso/banque-et-assurance/voici-combien-de-francais-sont-a-decouvert-tous-les-mois_AN-202508280534.html#:~:text=Près%20de%208%25%20des%20Français%20à%20découvert%20tous%20les%20mois&text=Soit%20moins%20qu’en%202023,l’être%20tous%20les%20mois. — Arthur Quention, « VOICI COMBIEN DE FRANÇAIS SONT À DÉCOUVERT TOUS LES MOIS » in BFM-RMC Conso, 28 août 2025[3] https://www.monde-diplomatique.fr/publications/manuel_d_histoire_critique/a53292 — Arnaud Zacharie « Naissance de l’économie de spéculation », in Le Monde diplomatique, Novembre 2025.
[4] https://www.entreprises.gouv.fr/la-dge/publications/comment-expliquer-laugmentation-des-faillites-dentreprises — « Comment expliquer l’augmentation des faillites d’entreprises ? »