Kennedy : un chien dans un jeu de quilles

Chère lectrice, cher lecteur,

Vous n’êtes pas sans savoir que le neveu de John Fitzgerald Kennedy est devenu ministre de la santé de Donald Trump.

Il mène une campagne tambour battant pour faire en sorte que les Américains cessent d’être un peuple malade, physiquement et mentalement, victimes d’une forte tendance à l’obésité.

Cela implique de faire le ménage dans une alimentation américaine réputée pour sa toxicité chronique… et de s’attaquer aux lobbies agro-alimentaires, souvent en très bons termes avec les Démocrates, la gauche étatsunienne.

De fait, alors que Kennedy se bat pour le peuple américain, vous ne trouverez pour ainsi dire aucun article de presse qui relate honnêtement son combat – les sources de cet article, à ce titre, sont éloquentes…

Et pourtant, les mesures qu’il prend pour assainir l’assiette des Américains sont observées par le monde entier – il n’y a que la presse occidentale qui détourne la tête.

Ces décisions essentielles représentent l’avenir d’une bonne politique nutritionnelle – et nos politiques devraient impérativement en adopter une au moins identique, au lieu de déléguer ce pouvoir à une Union européenne où règnent en maîtres les lobbies.

Car s’occuper de la santé alimentaire du citoyen, c’est l’avenir. Et il serait temps que nous allions, nous aussi, à sa rencontre.

Les Américains, trop gros pour se battre

Robert Francis Kennedy Jr., que nous nommerons RFK, a fort à faire, car les Etats-Unis sont, sous prétexte de préserver la liberté de commerce, le paradis de la nourriture frelatée.

En effet, cette « liberté d’empoisonner le consommateur » s’accompagne d’une instruction très faible en termes d’alimentation. De plus, elle est complètement écrasée par la publicité pour la malbouffe – omniprésente, violente et tentatrice.

Mais c’est allé trop loin, et les Américains sont aujourd’hui la population occidentale présentant la plus mauvaise santé qui soit. En 2016, plus d’un tiers de la population (36 %) était obèse selon la FAO, l’organe des Nations Unies consacré à l’alimentation[1] !

Cela pose même des problèmes en termes de sécurité militaire, puisqu’il y a 20 ans déjà, 9 millions d’adultes entre 17 et 24 ans étaient trop en surpoids pour pouvoir suivre un entraînement martial[2].

Il y a donc aujourd’hui un fort désir dans la population adulte de ne plus se retrouver contraint de manger des produits toxiques, et de ne pas devoir sans arrêt craindre que ses enfants s’en empiffrent en cédant aux sirènes de la publicité.

A cette fin, donc, les mesures de RFK tiennent en une dizaine de prises de position assez fermes, dont nous devrions nous aussi nous inspirer.

Haro sur les colorants !

La première des mesures de RFK consiste à interdire les colorants toxiques (rouge 3 et 40, jaune 5 et bleu 1). Le colorant rouge 3 est interdit en Europe pour l’essentiel, mais pas le rouge 40.

Le jaune 5 (tartrazine) n’est pas interdit en Europe non plus, quoique vraisemblablement peu utilisé. La Suisse a néanmoins cherché à l’interdire[3], puisqu’il est potentiellement cancérigène, mutagène, et qu’il peut produire des déformations chez les enfants à naître (il est tératogène : « qui engendre des monstres »)[4].

Quant au bleu 1, il est assez fortement réglementé en Europe.

Aux Etats-Unis, il y a une « clause Delaney », qui date de 1990, et qui stipule dans le code alimentaire que les additifs cancérigènes sont interdits. Mais encore faut-il prouver que des poisons que l’on ingère sur des années en petites quantités sont effectivement cancérigènes… Pour l’amiante, ça a pris un siècle…

Au moins, les Démocrates ont-ils été obligés de reconnaître le bien-fondé de cette décision, ainsi que la presse qui leur est favorable[5].

Des centaines de millions de personnes concernées par ces mesures :

• Arrêt de la distribution de malbouffe (spécialement des sodas, des bonbons et des produits ultra-transformés) grâce à des coupons alimentaires destinées aux populations dans le besoin[6]. La mesure a été régulièrement qualifiée par la presse de « paternaliste ».

• Interdiction du sirop de maïs à haute teneur en fructose dans les repas scolaires. Il s’agit d’un sucre pur très nocif pour le corps, mais accessible à tous parce qu’il coûte très peu cher, la culture du maïs étant subventionnée aux Etats-Unis. Les céréaliers ont argué que le grand-public s’en détournait déjà[7], alors qu’il rentre dans la composition de beaucoup de produits sans que le public soit au courant de sa réelle nocivité. En Europe, quoiqu’il soit beaucoup moins consommé (pour l’instant), rien n’est fait pour le taxer ou l’interdire.

• Retrait des cantines scolaires des mauvaises huiles végétales (colza, soja, maïs, margarine, carthame). Elles déséquilibrent l’équilibre oméga-3-oméga-6 et favorisent de la sorte l’obésité, la résistance à l’insuline, le déclin cognitif et la démence. Là aussi, la presse démocrate manque d’argument pour dénigrer une mesure aussi saine[8].

• Retrait des cantines scolaires de toute nourriture ultra-transformée : pizza surgelée, croquettes de poulet, céréales du petit-déjeuner, chips, desserts longue conservation. L’Arizona a décidé de procéder à cette interdiction en même temps que celle des colorants et du dioxyde de titane, dès l’année prochaine[9].

• Information de la population au sujet des édulcorants et de leur toxicité, même si RFK ne désire pas empêcher les gens de boire et de manger comme ils l’entendent – notamment Donald Trump, son « boss », très friand de Coca Light[10]. Rappelons que le débat sur les édulcorants est plus que jamais noyé par les études partiales sponsorisées par les fabricants, alors que ce sont des produits notoirement nocifs. Là aussi, l’UE, structurellement aux mains des lobbies, est incapable de mener ce combat…

• Abolition d’une faille dans le système alimentaire américain qui s’appelle le GRAS, acronyme signifiant « généralement reconnu comme sûr pour la consommation »[11]. Il s’agissait à l’origine d’éviter les contrôles pour les produits très simples comme le sel ou le vinaigre en demandant que les producteurs financent eux-mêmes les études de sûreté. Les gros industriels ont fini par y soumettre toutes les nouvelles molécules qu’ils ont élaborées, créant un flou total sur la sécurité alimentaire. Ainsi le dioxyde de titane se retrouve-t-il dans cette catégorie malgré une toxicité bien établie – il est heureusement interdit en France depuis janvier 2020…

L’avantage de ces mesures est d’agir principalement sur les cantines scolaires (et les cafétérias qui les remplacent souvent) : ainsi la population cesse-t-elle d’être conditionnée à la malbouffe dès l’enfance et se retrouve-t-elle moins à même de contracter un diabète précoce.

C’est aussi, indubitablement, une première forme d’éducation publique à la nourriture qui est engagée par le neveu de JFK, le président le plus aimé des Américains.

On attend naturellement, aussi, de notre côté, des cours de nutrition pour les plus jeunes, même si on observe, de chaque côté de l’Atlantique, une sensibilisation croissante aux questions alimentaires. Il y a dix ans encore, glucides, protéines, lipides étaient des mots de spécialistes ; désormais, le grand-public commence à les utiliser.

Le combat pour le lait cru, tout un symbole

Quiconque est déjà allé aux Etats-Unis sait qu’il y a une chose qu’un Européen ne doit jamais amener avec lui (ou admettre qu’il le ramène) :

Un fromage !

En effet, aux Etats-Unis le lait doit être pasteurisé, c’est-à-dire chauffé à une température permettant d’éliminer tous ses germes. Dans ces conditions, la plupart des nutriments intéressants sont eux aussi éliminés. Ne reste que le gras.

RFK soutient qu’autoriser le lait cru serait normale, compte tenu de la proportion de nourriture mauvaise pour la santé accessible sur le marché américain. Il souligne sa richesse en nutriments et les bénéfices immunitaires qu’il représente.

S’en est suivi une considérable levée de boucliers de la presse américaine, toujours aussi orientée politiquement, quand elle n’est pas directement financée par les magnats de l’agro-alimentaire, comme Bill Gates avec MSNBC.

Google ne nous offre à la lecture, pour tout avis à peu près équilibré sur la question, qu’un célèbre quotidien indien[12].

Pourtant en Europe, nous nous débrouillons très bien avec le lait « cru », et même, nous ne songerions pour rien au monde à nous en débarrasser.

Mais le sujet est en fait plus complexe qu’il n’y paraît.

Saut immunitaire : les Américains sont-ils prêts ?

Intégrer du lait cru dans l’alimentation américaine, cela signifie deux choses.

D’une part responsabiliser les acteurs de l’alimentation, des grossistes aux consommateurs, en passant par les détaillants et les restaurateurs.

Et d’autre part, cela implique aussi un renforcement du système immunitaire des consommateurs par l’ingestion du lait non-pasteurisé : en plus d’être riche en nutriments, il offre de nouvelles bactéries que l’intestin doit assimiler.

Ce qui fait que le consommateur américain a lieu de craindre deux fois cet aliment : parce qu’il serait mal conservé par une chaîne d’approvisionnement immense… et parce que lui a un système immunitaire délicat.

Ceci parce qu’il est dans l’intérêt de l’industrie agro-alimentaire de ne pas favoriser l’immunité de ses consommateurs. Rappelons à ce titre que cette industrie et celle du médicament sont inextricablement liées – Bayer est le premier vendeur de semences au monde et l’un des plus gros vendeurs de médicaments.

Un consommateur fragile consomme donc doublement… et de la mauvaise nourriture, et des médicaments pour se soigner.

Il y a donc une crainte (sinon une panique) de la part des grandes industries de la nourriture et de la santé de voir une population cesser de constituer une rente pour elle. D’ailleurs, aux Etats-Unis en ce moment, une publicité sur deux concerne la santé… que ce soit dans la rue ou à la télévision.

À quand la même chose chez nous ?

Le boa européen ne desserre pas ses anneaux (au contraire !)

Vous l’aurez peut-être remarqué : lorsque l’on regarde les mesures de RFK, on se rend compte que l’Union européenne fonce à toute vitesse vers ce système dont les Etats-Unis cherchent péniblement à s’extirper.

On y voit un marché continental qui aseptise de plus en plus ses produits en favorisant des compagnies gigantesques, les seules à pouvoir tenir les exigences sanitaires de l’Union – ou à pouvoir frauder sans y perdre leur chemise.

On y voit des produits détestés et nocifs pour la santé, comme les insectes dont j’ai précédemment parlé, s’insérer peu à peu dans la nourriture au nez et à la barbe du consommateur.

Sans compter les innombrables fraudes que tentent d’imposer les sociétés extérieures à l’Union, et qui, vu le volume de nourriture importé et la facilité à changer d’identité, n’ont pas grand-chose à craindre des contrôles…

En somme, le modèle européen va complètement à l’encontre du mouvement américain lancé par RFK, tandis que la presse mondialiste le fustige : qui est-il pour sortir du paternalisme écolo-apocalyptique imposé par une poignée de milliardaires ?

Un Kennedy de plus qui n’a pas peur de risquer sa peau, visiblement. Et un exemple pour l’avenir.

Portez-vous bien,

Louis Volta