Chère lectrice, cher lecteur,
Au moment où je vous écris, l’alerte a été donnée : certains fromages ont tué deux personnes parce qu’ils étaient porteurs de la listériose, une bactérie très nocive.
Ces fromages, issus de l’entreprise Chavegrand dans la Creuse, ont été retirés des rayons, ce qui signifie que vous ne devez surtout pas les manger[1].
Il se trouve que cette fromagerie avait déjà été rappelée à l’ordre pour une affaire semblable en juin dernier, même si elle n’avait alors pas causé d’incident majeur.
Au total, ce sont aujourd’hui 40 types de fromages différents qui sont concernés.
Il s’agit de camemberts, de coulommiers, de carrés, de bûches et de quelques fromages à pâte molle[2].
La listéria, ça ne rigole pas
La listéria est une bactérie causant l’infection appelée listériose. Elle est surtout dangereuse pour les femmes enceintes – pour leur fœtus – et pour les personnes à l’immunité déficiente, généralement très âgées.
Apparemment, les deux personnes décédées étaient dans une condition physique assez fragile, mais cela ne rend pas le cas moins grave.
Si, après avoir mangé des fromages, vous sentez une fièvre vous gagner, des maux de tête, des douleurs diffuses, rendez-vous en urgence chez votre médecin.

D’autant plus si ces derniers temps vous vous êtes senti plus fragile… Tout le monde a des hauts et des bas en termes de santé, alors que la listériose peut être vaincue avec quelques antibiotiques.
Des cas (trop) fréquents, hélas
Les affaires de listériose sont assez nombreuses ces derniers temps. Elles ne défraient désormais la chronique qu’en été, lorsque les journalistes ont moins d’informations à se mettre sous la dent.
Je dois vous confier que je suis quelque peu désemparé. Nous dépendons entièrement de l’agro-industrie et de la grande distribution pour nous nourrir. Et les alertes à la listéria font partie de ce système.
Et je suis particulièrement navré de voir que les produits touchés par la listéria comptent parmi ces spécialités qui font l’originalité et la singularité de la culture culinaire française.
Certains m’objecteront qu’il s’agit essentiellement de produits de qualité moyenne, voire faible. Mais cet argument me paraît assez désolant.
Il était encore normal, il y a quelques temps, de considérer que certains produits de qualité correcte, voire plutôt élevée, soient encore accessibles à toutes les bourses. Les fromages tels que le camembert en faisaient partie !
Hélas, c’est de moins en moins le cas. La qualité se paie désormais très cher.
Maintenant, quand vous voulez vous faire un petit plaisir pas trop coûteux, vous vous retrouvez à prendre des risques pour votre santé – soit parce que les produits sont nocifs à long terme, voire à très court terme, à cause de la listéria…
Notre culture culinaire n’est plus populaire
La réalité est que la culture culinaire française, jadis populaire, dans laquelle on pouvait trouver des produits de qualité à des prix très abordables, est en train de disparaître.
Un fossé est en train de se creuser entre une nourriture industrielle très peu coûteuse, mais dangereuse, et une nourriture artisanale de moins en moins accessible en termes de prix.

Ce fossé est aussi en train de se creuser dans la restauration. D’ailleurs, il est désormais admis que la cuisine française (surtout dans les grandes villes) est nécessairement chère.
Raison pour laquelle les plus jeunes se rabattent de plus en plus sur la cuisine étrangère, spécialement américaine ou asiatique.
Un bon fromage, une bonne bouteille de vin, un bon pain : c’est le prix pour inviter vos enfants dans un fast food après une séance de cinéma.
Un ami à moi appréciait particulièrement les AMAP, ces associations où l’on pouvait acheter directement des produits fermiers.

Cependant, dans la réalité, les AMAP impliquent une participation, exigent du temps et de l’engagement. Si vous vous contentez d’acheter, vous vous retrouvez avec les mêmes prix élevés que dans les supermarchés bio.
Et, cela va de soi, tout le monde ne peut pas se permettre de partir vivre à la campagne…
La bonne nourriture, ça se défend !
Le plus important maintenant est de défendre la qualité, l’artisanat et les prix accessibles.

Ce n’est pas qu’une question politique, c’est aussi une question de choix de consommation. Les industriels s’adaptent à la demande du public. Si le public est peu exigeant, il est facile pour eux de s’en mettre plein les poches…
Et c’est parce que les Français sont exigeants qu’ils mangent encore bien par rapport à d’autres pays occidentaux, en particulier les pays américains.
Le parti pris de la qualité, c’est avec notre portefeuille que ça commence ! Et c’est avec les enfants que ça se transmet.
Dites-moi ce que vous en pensez, je serais ravi d’avoir votre avis sur la question. Et n’hésitez pas à partager cette lettre !
Louis Volta