Le Nutri-Score vous prend-il pour des idiots ?  

Chère lectrice, cher lecteur,

Quand vous allez au supermarché, vous le voyez partout. Le Nutri-Score est une notation alimentaire qui vous indique la qualité nutritionnelle des aliments que vous y achetez.

Cette notation est même l’occasion de polémiques !

Depuis plus d’un an, elle est censée être révisée. Nous en parlions d’ailleurs dans le numéro de mars du Bon Choix Santé[1]. Mais comme nous l’apprend France Info[2], la nouvelle notation serait en défaveur de l’industrie laitière…

Cette dernière freine des quatre fers, considérant ces révisions du Nutri-Score comme lui étant hostiles. C’est dire à quel point les industriels prennent cela au sérieux.

Ils ne sont pas les seuls à ne pas aimer le Nutri-score. L’Italie le refuse. Pour le gouvernement Meloni, il décourage l’achat de spécialités nationales[3], qui sont pour beaucoup fromagères…

Comme toujours, la presse française, quand elle apprend que certains s’opposent à plus d’administration et à plus de normes, est outrée.

Le message est comme toujours le suivant : les gens sont idiots et il faut les rééduquer en permanence.

Par un discours très encadré, qui sait mieux que vous ce qui est bon pour vous, cela va sans dire.

Un discours qui est celui des journalistes et de l’État, mais qui avantage économiquement les grandes entreprises, seules capables de se mettre aux normes, tandis que l’artisanat, lui, n’a qu’à mettre la clef sous la porte… 

Le Nutri-Score, un gadget prétentieux

Vraiment, aviez-vous besoin d’un « score » pour savoir que l’eau est bonne pour la santé, et que le chocolat fait grossir ? Sérieusement…  

Il faut pourtant le croire, puisqu’un article des Échos fait le lien entre ce Nutri-Score et une réduction de la consommation des produits qu’il note mal[4].

Pourtant, établir ce rapport de cause à effet est assez présomptueux, sinon arrogant…

Cela revient à passer sous silence deux faits majeurs qui ont influé sur la consommation du grand-public depuis 10 ans que le Nutri-Score existe.  

Le premier, ce sont les scandales du secteur économique de l’agro-alimentaire. Nous en connaissons les causes : une agriculture qui n’a plus le moindre souci du consommateur ; une grande distribution européenne qui permet toutes les aberrations ; les lobbies et les fraudes.

Le meilleur exemple de cela a été, il y a un peu plus d’une dizaine d’années, les tristement célèbres lasagnes à la viande de cheval[5].

La tromperie sur la marchandise, qui avait consisté à faire passer cette viande pour du bœuf, n’était que la partie émergée de l’iceberg : les chevaux qui avaient été abattus étaient dans un état impropre à la consommation.

Lorsque ces braves bêtes sont mises à mort en fin de vie, leurs traitements sanitaires doivent avoir été arrêtés depuis 6 mois et ils doivent être garantis sans parasites. Ce n’était pas le cas de ceux dont la viande s’est retrouvée dans les lasagnes surgelées mises en cause, et dont le suivi a été malencontreusement perdu…

L’autre cause d’inquiétude du grand-public est la recrudescence des cancers et du diabète de type 2, dont la prise de conscience n’est allée qu’en s’accroissant. Le lien avec l’alimentation est devenu évident.

Donc a priori, à quoi vous sert le Nutri-Score ? À rien !

Mais il est nuisible pour deux raisons : il sert les intérêts de la grande industrie aux dépens de l’artisanat et il décourage l’éducation à la santé.

Les industriels en redemandent.

Certes, les grands consortiums de l’industrie agro-alimentaire se sont montrés formellement hostiles à la mise en place du Nutri-Score, qu’ils ont considéré comme discriminatoire.

Puisque l’Union européenne a bien fait en sorte que cet étiquetage ne soit pas obligatoire, vous n’êtes pas prêt de le voir affiché sur des produits qui gagnent à dissimuler leur haute teneur en sucre, comme le ketchup par exemple.

Le Nutri-Score ne fait qu’entériner l’idée selon laquelle il ne faut pas manger trop gras, trop salé, trop sucré. Les produits sont ainsi notés selon leurs apports en protéines (par opposition aux lipides et aux glucides).

Comme nous l’avions déjà remarqué dans le Bon Choix Santé de mai 2020, la question des proportions n’est pas prise en compte.

Tous les produits sont notés sur la base d’une quantité de 100 grammes. L’huile d’olive se retrouve notée D (pour un système qui va jusqu’à E), tandis que le Coca-cola Zéro est noté B, soit la deuxième meilleure note possible.

Pourtant, vous aurez bien remarqué que le Coca Zéro est sans conteste plus nocif que l’huile d’olive qui, elle, est riche de nutriments essentiels à votre santé (dont la vitamine E) !

Les produits chimiques passés sous silence

Le Coca Zéro est plein d’additifs et d’édulcorants, au sujet desquels l’industrie s’est ingéniée, depuis une décennie, à noyer les revues spécialisées d’études pour le moins douteuses, assurant qu’ils sont inoffensifs…

Le Nutri-Score favorise donc l’industrie alimentaire et détourne l’attention du grand public des conservateurs chimiques, les composants plus nocifs dans les aliments, qu’elle impose en submergeant les rayons des supermarchés.

Si vous voulez des chips sans ces produits douteux… vous devez aller chez le boucher.

Autre élément nocif : l’absence de micro-nutriments pourtant essentiels à la vie.

Même si les protéines font moins grossir que les lipides et les glucides, il faut faire des efforts pour dépenser cet apport énergétique. Et cet apport énergétique ne fait pas tout : la nourriture industrielle ne fournit pas la teneur suffisante en micro-nutriments dont le corps a besoin pour fonctionner normalement.

Si les grandes industries s’élèvent, semble-t-il, contre le Nutri-Score, elles peuvent s’y adapter. Pas les producteurs d’aliments de grande qualité, lesquels se consomment à petite dose.

Ces aliments-là, s’ils sont déséquilibrés du côté des macronutriments, peuvent aussi contenir des micro-nutriments beaucoup plus utiles pour notre santé.

Donc le Nutri-Score écarte les petits acteurs économiques, favorise les gros, standardise les goûts, donne une perception simpliste de la nutrition… et nous devrions nous réjouir ! Et puis quoi encore ?  

La norme construit une société bête

L’idée d’imposer des normes de consommation faibles, suppléant à des normes de production encore plus faibles, pose un problème éthique sur lequel les journaux et l’administration évitent de se pencher, et ce pour une raison évidente, que nous avons relevée dès le départ.

Ce type de notation est nécessaire pour faire marcher toute une industrie de la normativité, justement celle de la presse subventionnée et des agences à prétention scientifique qui travaillent pour l’État. Sans compter les cabinets de conseil qui préconisent le recours à de telles agences.

Cette gabegie est immense et RÉVOLTANTE.

Combien de milliards sont dépensés en prestataires extérieurs, en bureaucratie inutile et en subventions à une presse véreuse, pour que vous fermiez les yeux sur ce qui peut vous rendre malade ? 

Ils vous répondront que ce n’est « que de la com’ » : ils veulent vous faire croire qu’ils s’occupent de vous pour mieux vous tromper au final.

Comme aux États-Unis, l’Union européenne tourne pour et par les lobbies, et elle avantage systématiquement la grande distribution et la grande industrie.

Pour asseoir son idéologie, elle se fait fort de réguler et de répondre aux exigences sanitaires minimales du consommateur, sans lesquelles, de toute façon, aucun marché de taille continentale n’est possible.

Votre santé n’est pas leur but

Le Nutri-Score évite de fait la mise en place de deux principes qui sont pourtant incontournables et sans lesquels aucun avenir alimentaire n’est envisageable.

Le premier consiste à réduire autant que possible la consommation des produits transformés et des conservateurs alimentaires nocifs.

Ceux-ci doivent être taxés progressivement jusqu’à atteindre des sommets aussi prohibitifs que ceux qui s’appliquent sur le tabac par exemple.

Il serait également juste de réduire les taxes, autant que faire se peut, sur les produits artisanaux, les spécialités locales, les produits IGP et AOP, ainsi que sur toute l’agriculture qui assure d’importants apports alimentaires en micro-nutriments, vitamines et minéraux.

Enfin, l’autre principe consiste à instituer une instruction à la nutrition et au goût dès l’école primaire, de façon à ce que les enfants deviennent des consommateurs attentifs et soucieux de leur bonne santé.

Mais nos gouvernements craignent par-dessus tout votre esprit critique et votre autonomie de consommateur.

Alors, le Nutri-Score, vous connaissez sa place : à la poubelle.

Prenez soin de vous,

Louis Volta


[1] Rémi Moha, « Nouveau Nutri-Score : on progresse ! », in. Le Bon Choix Santé, mars 2025

[2] https://www.francetvinfo.fr/sante/alimentation/nutri-score-le-gouvernement-joue-la-montre_6857102.html – Sophie Broyet, « Nutri-Score, le gouvernement joue la montre», in. France Info, 24 octobre 2024

[3] https://www.secoloditalia.it/2021/03/meloni-il-nutriscore-e-una-follia-contro-il-made-in-italy-bloccarlo-sia-una-priorita-di-tutti-i-partiti-video/ – « Meloni : “Il Nutriscore è una follia contro il Made in Italy. Bloccarlo sia una priorità di tutti il partiti », in. Secolo di Italia, 24 mars 2021

[4] https://www.lesechos.fr/industrie-services/conso-distribution/alimentation-premiers-effets-du-nutri-score-sur-la-consommation-1150855 – Jean-Michel Gradt, « Le Nutri-Score commence à peser sur les achats alimentaires », in. Les Échos, 26 novembre 2019

[5] https://fr.wikipedia.org/wiki/Fraude_à_la_viande_de_cheval_de_2013 – « Fraude à la viande de cheval de 2013 » (fiche Wikipédia)

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Isabelle
Isabelle
il y a 7 jours

Le nutri-score est là pour résumer la liste des ingrédients, du moins, c’est l’illusion de cela. Le but est d’éviter que vous ne lisiez la liste de ces fameux ingrédients (écris souvent trop petits caractères et avec un très mauvais contraste !) qui, pour beaucoup, ont des symboles : E… qui ne veulent rien dire pour la plupart d’entre nous mais qui pour la plupart sont nocifs à notre santé. Mangeons de préférence des produits non-transformés ou mangeons par exemple en avocat en parallèle de notre hamburger. Cela évitera d’absorber trop de crasses et évidemment pas tous les jours 😉

marie
marie
il y a 7 jours

Ces notations de nutri-score sont une arnaque. Un de mes petits-enfants lit sur le paquet de beurre la notation E. Je lui explique qu’il n’y a rien de plus sain que le beurre, produit le plus naturel qui soit, sans addictifs. Ces notations sont des incitations à consommer des produits transformés qui sont agrémentés d’addictifs plus ou moins sains.

Annie
Annie
il y a 8 jours

Bonjour, je n’ai jamais tenu compte du nutriscore et ce n’est pas maintenant que ça va changer car je n’aime pas qu’on me conditionne pour me dire ce qui est bon ou non pour moi, c’est à moi seule de choisir librement (ce qui est aussi valable pour ma santé), et ce que je regarde surtout dans l’alimentation, c’est avant tout l’origine des produits, la qualité et si possible la composition détaillée tout en essayant de privilégier les circuits courts et les petits producteurs locaux.
Une alimentation de qualité est gage d’une bonne santé !

Françoise BLANC
Françoise BLANC
il y a 8 jours

Je ne suis pas du tout étonnée par cet article ! Il y a longtemps que j’ai remarqué que dès qu’un produit contient du gras ou du sucre il est classé en D E ou F. Je n’apporte, pour ma part, aucun intérêt au nutriscore.

dupuch
dupuch
il y a 8 jours

Je n acheté quasiment jamais de produits tout faits et je ne regarde jamais les nutriscores qd c le cas

carnet catherine
carnet catherine
il y a 8 jours

je ne regarde jamais le nutriscore! j’ai bien compris depuis longtemps ce que vous expliquez dans cet article!

FODOR MMichèle
FODOR MMichèle
il y a 8 jours

J’ai remarqué depuis le début que le nutriscore est incompréhensible (pour quelqu’un qui s’y connaît un peu en nutrition) et je ne le regarde jamais. Il n’a tout simplement aucune valeur et aucun intérêt pour moi. Par contre je lis attentivement la composition.

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