Chère lectrice, cher lecteur,
Vous vous souvenez quand tout le monde était « normal » et à peu près sain d’esprit ?
Vous vous souvenez quand les gens avaient encore un peu de mémoire ? Qu’ils arrivaient au moins à se souvenir d’un moment qu’ils avaient passé avec vous, il y a deux, trois ou dix ans ?
Vous vous souvenez quand vous donniez rendez-vous à une femme, et qu’il n’était pas nécessaire d’envoyer un message la veille pour être sûr qu’elle s’en souvienne ou qu’elle daigne se rappeler de votre existence ?

C’est de plus en plus rare, maintenant. On ne se souvient plus de grand-chose. Google fait tout le travail à notre place.
Mais il y a un truc que Google n’arrive pas à retrouver pour nous, c’est l’art de vivre et même une certaine qualité de vie…
Guy Debord avait raison
Aller au restaurant et prendre un verre après coûte autant que les courses de la semaine : on s’en passe, sauf pour les grandes occasions.
Alors on reste chez soi, on végète, on passe son temps sur les réseaux sociaux qui ne cherchent qu’à réduire notre intelligence au rang de stimulus animal. Il s’agit de nous réduire à quelques émotions basiques : haine, dégoût, admiration, attendrissement…

Quant aux femmes qui ne sont pas mariées, elles sont tellement sollicitées, harcelées et parfois agressées qu’elles ne savent plus, sauf exception, où donner de la tête.
Le palindrome de Guy Debord était une prophétie : Nous tournons en rond dans la nuit et nous sommes consumés par les flammes (in girum imus nocte et consumimur igni).
Pour résumer : nos existences sont devenues quelque peu erratiques. L’époque veut ça.
On ne trouve de stabilité qu’à avoir des enfants, et c’est devenu pour beaucoup un luxe et un signe extérieur de richesse. Les autres vivent dans la solitude, quand ils ne se déchirent pas dans des couples trop fragiles pour durer.
Je ne sais pas s’il y a une solution à tout ça, mais il existe bien des gens qui vont vous prendre de l’argent pour vous en persuader !…
Les incontournables psys
N’est-il pas extraordinaire qu’il y ait quelqu’un dans ce monde qui ait la patience de vous écouter sans attendre quoi que ce soit de vous ? sans essayer de profiter de vous ? sans être lassé de vous ? Enfin… à prix tarifé tout de même !

La profession de psy permet d’étancher une soif qui ne peut s’assouvir autrement : les gens ont besoin d’évacuer leurs névroses. Ils ont besoin, par la parole, de s’arracher à la petite individualité où on les confine. Ils ont besoin de relâcher la pression sans qu’on les juge trop.
Bref, ils ont besoin de parler.
Donc, a priori, la profession de psy, quel que soit le bord par laquelle on la prenne (psychiatrie, psychologie, psychanalyse), est plutôt un bénéfice pour la société.
Elle permet à beaucoup de se confronter à leurs immaturités, ou à leurs traumatismes, ou à ce qu’ils ne veulent pas admettre d’eux-mêmes…
Par-dessus tout, les psys offrent la possibilité à beaucoup de gens d’être fonctionnels, d’apprendre les rudiments de l’empathie, d’être plus constructifs qu’aigris – ce qui représente, il faut l’accepter, un certain progrès social.
Toutefois… il y a aussi quelques inconvénients, et pas des moindres.
Devez-vous guérir d’être vous-même ?
Déjà, l’idée de thérapie est tout de même assez particulière. Ce n’est pas parce que vous souffrez que votre vie intérieure est tout entière pathologique.
Avancer dans la vie, progresser intérieurement n’est pas seulement une guérison. Il y a certes des souffrances psychologiques dont on doit prendre conscience et qu’il s’agit de résorber, mais cela ne constitue pas l’entièreté de la vie intérieure.
Or le psy tend aussi à devenir une béquille, un directeur de conscience, un guide de semaine en semaine. Cela ne promet pas de grands défis, ni de grandes aventures, d’avoir si peur d’avancer qu’il faille hebdomadairement consulter son directeur de conscience.
Car il y a vraiment une difficulté à s’émanciper du psy, parce qu’il finit, qu’on le veuille ou non, par devenir cette présence qui nous rassure, ce confident qui nous apprécie quoiqu’il arrive – ou plutôt que nous apprécions pour la confiance que nous plaçons en lui.
C’est ce qu’ils appellent le « transfert ».
Quelqu’un qui dépend de vous ne vous libérera jamais
Et puis le psy ne va pas vous dire : « la thérapie est finie », ou encore : « dans cette situation, il est peut-être temps que vous tentiez autre chose et que nous nous revoyions plus tard ».
Il y a une chaîne qui lie le patient au psy, avec d’un côté le manque de confiance, et de l’autre le besoin d’argent, qui peut rendre la relation toxique, surtout lorsqu’elle dure plusieurs années.
À un moment aussi, nous devons accepter que nous sommes ce que nous sommes, et qu’il faut vivre avec. C’est difficile, c’est douloureux. Il y a des choses que nous ne pouvons pas faire, des positions que nous ne pouvons pas adopter, des gens que nous avons tellement portés au pinacle que, quoique nous fassions, nous n’égalerons pas l’idée que nous nous sommes faits d’eux.

Autant le psy est là pour vous permettre de vous accepter, autant avoir une oreille où vous épancher en toute occasion vous offre aussi l’opportunité de ne pas vous accepter tel que vous êtes.
Vous pouvez longtemps préférer vous plaindre sur le long terme et ne pas travailler sur vous-mêmes. Certains mauvais psys vont même jusqu’à rejeter la faute sur vos proches, brisant des familles entières sous prétexte « d’émanciper » leurs patients.
Retrouvez un îlot de santé mentale
Dans l’océan de la communication que sont devenus les réseaux sociaux, nous sommes sans arrêt ballotés, quand nous ne nous échouons pas sur les rivages de la haine et du mépris, ou que nous ne heurtons pas les écueils de la dépression.
C’est que la concentration et le fait de travailler sur des projets qui révèlent une part de votre identité, une cohérence intérieure, vous donnent une stabilité.
Et au contraire, cette stabilité intérieure est mise à mal par la profusion des applications, des sollicitations, des distractions, des notifications, des nouvelles « choc », des scandales…
Comme certains vaisseaux suffisamment lestes et bien conçus sont seuls capables de passer les tempêtes, il en va de même pour notre esprit, qui est soumis à bien des ballotages.
Et il n’y a qu’un seul moyen de retrouver une stabilité, mais encore faut-il arriver à trouver en soi la constance nécessaire…
La leçon d’un SDF
Il y a quelques années, dans mon quartier, traînait un vagabond qui était aussi un artiste… et un sacré ivrogne – disons les termes.
Je lui donnais la piécette à l’occasion, et même un billet quelques fois, car je l’appréciais bien, du moins quand il n’était pas dans cet état d’ébriété avancée où il commençait à insulter la Terre entière.
Un soir où je montais des armoires chez moi, j’avais roulé un petit morceau de métal qui servait à tenir une étagère. Le morceau coinça la porte, et je me retrouvai enfermé dehors, à essayer de trouver une solution.
J’errais, comme cela, dans la rue, un peu honteux, quand j’entendis le vagabond en train de parler à l’un de ses semblables. Derrière lui, il y avait tous ses dessins à l’encre, et certains dénotaient d’un talent évident.
Je l’entends parler et il dit à son ami : « L’essentiel, c’est de créer, c’est de s’exprimer. »

Voilà ce qui me liait à cet étrange personnage : donner forme à nos paysages intérieurs, les faire exister hors de nous, et à partir de là, travailler dessus, donc travailler sur notre vie intérieure.
Les étapes existent : elles sont sous nos yeux ; les tempêtes sont exorcisées, évacuées ou du moins sublimées par une forme. Il y a eu quelque chose à en faire et quelque chose à en penser, fût-ce du mal.
Je repense souvent à ce vagabond, parce que sa vie était (et est encore, je pense) infiniment plus dure que celles des patients des psy, plus confortablement confrontés à leurs blessures profondes.
Quoiqu’il ait, selon tous les critères possibles, objectivement raté sa vie, il se montre chaque jour plus fort que la plupart des gens que j’ai rencontrés. Il ne se fait aucune illusion sur le chaos du monde qui l’entoure. Il le surmonte avec le seul outil qui lui a été donné.
Or cet outil, la création, vous l’avez aussi, comme nous tous. Il suffit que vous trouviez quelle est la forme qui vous convient.
Si vous voulez me donner votre opinion sur vos expériences avec les psys et vos techniques pour vous sentir bien, je vous invite à le faire en commentaire.
Portez-vous bien,
Louis Volta
Très mauvaises expériences avec les psys qui me rendaient encore plus malades que la dépression elle-même…
Jusqu’au jour j’ai réussi à m’en libérer et à m’en sortir toute seule en commençant par m’éloigner de toutes les personnes toxiques et profiteuses en faisant le vide autour de moi, j’ai pris ma vie en main en me consacrant au piano, ce qui m’a beaucoup aidée car la musique apaise.
Je concoctais également de bons petits plats car j’adore cuisiner, et je recherchais également la compagnie des chats que je trouve très apaisants et affectueux, le tout m’ayant aidée à surmonter ma tristesse, mes déceptions relationnelles et mon stress !
Bonjour ,
Votre article me parle bcp !
Non pas que je sois patiente/cliente chez un psy mais quelqu’un de mon entourage et sous traitement depuis des années.
Je ne pense pas que s’apitoyer sur ses propres douleurs liées à des traumatismes d’enfance ou d’adulte soit le moyen efficace pour sortir de ces maux.
Le mal-être est tellement évident que ce sont les autres qui en deviennent responsable car trop difficile d’affronter ses propres échecs.
Quand des erreurs du passé nourrissent une personne, ce qui l’a tient et ce qui l’assomme aussi au point de tomber dans une violence psychologique, accusatrice envers ses proches que ça en devient insupportable qu’on a pas d’autre choix que de laisser à contre cœur cette personne de côté.
Penser à soit, pour protéger sa vie sa famille sans se laisser accabler par la maladie d’un tiers qui se sert de nous comme d’une bouée pour exulter.
Tout ça pour dire que le psy ici psychiatre a pris une place tellement importante dans sa vie que tous ceux qu’il côtoient devraient en consulter un, qu’il est évident que nous avons tous des casseroles.
Effectivement nous avons tous nos pblm nos blocages nos peurs dans une vie imparfaite il faut juste accepter ses échecs en sachant que d’autres épreuves nous attendent…
De ma propre expérience, après 4 séances la psy , m’a dit des personnes comme vous avec un vécut comme le vôtre qui sont accomplis mère de famille et stable c’est déjà une réussite il faut l’accepter vous avez très bien réussi.
Elle m’a donné de la puissance de la confiance et m’a demandé si vraiment c’était nécessaire pour moi de continuer , car de son point de vue professionnel il n’y avait aucune raison de se revoir.
Nous nous sommes plus jamais revus. 🤗
Une aide bienvenue: la musique !
Parlez-en à Guy
« Dis-y, Guy, il est Psy… »