Taxe soda : quand les aveugles mettent dans le mille

Chère lectrice, cher lecteur,

Quelques fois, vous aussi, comme la plupart des Français, vous faites peut-être le même rêve.

Celui d’une administration simple, de services régaliens qui seraient juste bien assurés. Police, armée, école, hôpitaux : que tout fonctionne juste aussi bien qu’avant… et même mieux.

Et puis, au matin, vous vous retrouvez pour un jour de plus dans le labyrinthe de la taxation et de la bureaucratie.

Au bout, le minotaure de l’État ne vous laisse que les yeux pour pleurer, l’espérance d’une retraite éthique, et des services publics en décrépitude.

Si vous riez, c’est que vous n’êtes pas Français. Vous ne pouvez pas savoir…

La France championne du monde… de taxes

Lassata sed non satiata : épuisée mais encore insatiable, la fiscalité française trouve toujours quelque chose à taxer ou à imposer.

Parmi les pays de l’OCDE (ceux qui ont les chiffres les plus fiables), la France est celui qui est le plus taxé. Près de la moitié de l’économie française se retrouve déversée entre les mains de l’État (46,1 %).

Les esprits chagrins se laissent quelques fois aller à des propos malencontreux, selon lesquels la France serait un pays collectiviste. Erreur ! La France est championne du monde du collectivisme…

Même les pays qui se prétendent communistes n’arrivent pas à afficher de telles ambitions. La République populaire de Chine taxe beaucoup moins et ignore les délices de l’impôt sur la succession.

Quant à la Corée du nord, elle prétend ne pas imposer sa population, ce qui est un mensonge évident. Mais lorsqu’elle taxe ses travailleurs employés par la Corée du sud, elle le fait à hauteur de… 45 %. Soit moins que les travailleurs français ![1]

La France a beau être championne du monde, on n’a pas vu les Champs-Élysées se remplir d’une foule en liesse pour célébrer ce titre…

Pourtant, à force de taxer sans arrêt, tout et n’importe quoi, il arrive à nos législateurs de taper juste – sans qu’on sache s’ils le font tout à fait exprès.

C’est ce qui s’est passé avec la récente augmentation de la taxe soda, lors de la révision du budget du 10 février 2025.

Ce n’est pas fait pour que vous compreniez

Les taxes sont désormais des pièces d’orfèvrerie très complexes, qui coûtent très cher à tout le monde, aux entreprises comme aux contribuables, et qui, si vous voulez comprendre leur fonctionnement, vous menacent d’une migraine.

C’est naturellement le cas de l’augmentation de la taxe soda, une taxe sur le sucre dans les boissons les plus sucrées.

Accrochez-vous bien je vous prie. Car le but de cette augmentation est de taxer progressivement le taux de sucre.

D’un côté, de façon à « désinciter » le consommateur à choisir les boissons les plus sucrées.

Et donc, de l’autre côté, à dissuader les fabricants de les fabriquer et les importateurs de les importer.

Cela autorise surtout l’État à prélever de l’argent sans vergogne, sous prétexte d’imposer le vice et d’inciter à la vertu. Mais pour cette fois, on ne peut lui donner tort.

Ce qui est plus amusant, c’est le calcul de la taxe qui est là encore un chef-d’œuvre de complexité administrative dans laquelle une chatte ne retrouverait pas ses petits.

Ainsi, l’ancienne taxe, qui porte sur les jus de fruits, sodas et eaux aromatisées, commençait à 3,5 centimes par litre pour 10 grammes de sucre par litre ou moins, et montait de façon progressive jusqu’à 27,3 centimes pour 150 grammes de sucre par litre ou plus.

La nouvelle taxe a la même base et le même plafond, mais taxe à hauteur de 4 centimes à la base jusqu’à 35 centimes pour le plafond.

Par conséquent, au-delà de 10 g de sucre par litre et en deçà de 150 g/l, l’ancienne loi taxait à hauteur de 0,17 €/g de sucre/litre, contre 0,20 €/g de sucre/litre pour la nouvelle loi.

Il doit y avoir des gens qui prennent du plaisir à fabriquer ça…

Des contorsions encore plus rigolotes

Le gouvernement français se retrouve dans une situation où il commence à se faire des ennemis de ses alliés traditionnels. C’est stupéfiant.

La taxation est un équilibre. Quand l’État taxe, il prélève de l’argent sur l’économie. Mais s’il en prélève trop, il décourage les investissements et l’entreprise. D’où l’adage devenu célèbre : « trop d’impôt tue l’impôt ».

Par conséquent, il prend assez systématiquement parti pour l’industrie (dont les lobbies sont très influents…) au détriment des contribuables qui, puisqu’ils ont plus de mal à partir de là où ils sont, n’ont pas d’autre choix que d’accepter les impôts. Comme leur nom l’indique, ils leur sont imposés.

Allez parler à un parlementaire du consentement à l’impôt, vous m’en direz des nouvelles !

Rappelez-lui, je vous prie, que dans la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, préambule à toutes les constitutions françaises, il est dit que le peuple décide des trois modalités de l’impôt (montant, assiette, quotité).

Vous déclencheriez chez lui une crise de fou rire qui risquerait de l’étouffer…

Pour comprendre ce qu’il se passe, souvenez-vous que les traités européens ont ouvert le marché continental à la concurrence interne et mondiale, de sorte que des pans entiers de l’économie française ont perdu toute rentabilité, puisqu’ils n’étaient plus compétitifs.  

Alors l’État s’est mis à embaucher des fonctionnaires pour compenser le chômage (et accessoirement contrôler les élections). Ce qui a alourdi les impôts et fait fuir parmi les acteurs les plus compétitifs de l’économie française.

Et comme l’État n’a plus d’argent, arrive le moment où il doit se retourner contre ceux-là même qu’il cherchait à séduire, à savoir l’industrie. Alors il le fait avec beaucoup de circonspection, à petit pas, presque en tapinois.

640 morts par an : d’habitude, ça ne fait pas une loi…

Il est là encore amusant de voir l’État, qui a laissé les lobbies sucriers s’abattre sur l’enfance depuis des générations, péniblement justifier sa loi par la responsabilité qu’aurait le sucre dans la mort de…

640 PERSONNES !

Oui, vous avez bien lu, d’après l’Institut national de la recherche agronomique, le sucre est responsable en France de la mort de 640 personnes, ce qui justifie l’augmentation de la taxe soda.

Une façon de ne pas se mettre trop les lobbies sucriers à dos…

Dans la réalité, ce qui est en question ici, c’est un mode de vie abominable au sens propre, puisqu’il prépare depuis un demi-siècle un sombre avenir à chaque classe d’âge accoutumée au sucre depuis son plus jeune âge.

Tous les enfants depuis 50 ans ont été nourris aux petits pots pour bébés extrêmement sucrés avant même l’âge de 3 ans.

Puis ce fut le tour des céréales – en fait du sucre quasi-pur – ensuite les barres chocolatées, les biscuits, les gâteaux, et du chocolat.

Sans compter, effectivement, tout le Coca-Cola, le Schweppes et autres sodas. Même quand vous avez réussi à vous émanciper des addictions de l’enfance, vous continuez à les consommer en sortie et dans les cocktails…

Le sucre, une laisse passée au cou de la jeunesse

Tout le mode de vie des moins de 50 ans est fondé autour de l’addiction au sucre. L’industrie agro-alimentaire a créé des accros, et c’est sur l’addiction que fonctionne désormais toute la société.

C’est l’addiction au sucre qui détermine ce que vous achetez au supermarché. C’est elle qui détermine ce que vous partagez avec les autres et ce que vous gardez pour vous.

C’est elle qui détermine le rapport que vous entretenez avec vos enfants, l’affection qu’ils vous portent lorsque vous leur donnez ce qui les excite, et leur colère lorsque vous le leur refusez.

Même le rapport à la spiritualité des nouvelles générations est directement affecté par cette frustration qui est devenue à la fois permanente et intolérable.

Le sucre, c’est un joug psychologique qu’on a imposé de force à la jeunesse depuis un demi-siècle.

Chaque année, on dénombre 34 000 morts de diabète de type 2 en France. Combien parmi eux étaient accros au sucre ? Laissez-moi vous faire une petite estimation : 99,99 %.

Cette taxe soda est une égratignure sur la fourrure du mammouth de notre mode de vie morbide. C’est amusant, mais il n’y a pas de quoi déboucher le champagne…

Portez-vous bien, et évitez si possible à la jeunesse de goûter à ce qui est réellement la drogue la plus consommée dans le monde.

Louis Volta

Sources [1] https://edition.cnn.com/2013/04/09/business/north-korea-economy-explainer/index.html – Susannah Cullinane, « How does North Korea make it money ? », in. CNN, 9 avril 2013

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