Antibiotiques : le chant du cygne

Chère lectrice, cher lecteur,

Les journaux le titrent bien pompeusement : il y aurait de nouveau assez d’amoxicilline pour tout le monde ! Du moins c’est ce que nous apprend le 20 minutes du 24 mars dernier[1].

Il y avait pourtant déjà pénurie le 26 septembre 2024, d’après le même journal, donc à peine l’été terminé ! Avec des chiffres mirobolants… 700 prescriptions pour 1000 habitants[2]…

Avec une telle consommation, c’est miraculeux que les antibiotiques fonctionnent encore… En Afrique, cela commence déjà à poser problème, les bactéries se sont adaptées, car la quasi-totalité des enfants hospitalisés sont traités avec des antibiotiques[3].

Les mesures pour faire face à cette situation ont été diverses. Dès le 1er septembre 2023, les pharmaciens ont été autorisés à distribuer des antibiotiques sans ordonnance[4]…
…et en septembre dernier, là encore, les pharmaciens ont été autorisés à distribuer les antibiotiques à l’unité, pour faire face aux pénuries[5].

En fait, les antibiotiques n’en ont plus pour très longtemps.

Un cercle vicieux inextricable

Résumons la situation :

Nous consommons mille fois trop d’antibiotiques.

Donc ceux-ci fonctionnent de moins en moins (parce que les bactéries s’adaptent : c’est l’antibiorésistance).

Donc nous en avons toujours plus besoin.

Donc nous en facilitons de plus en plus l’accès.

Donc nous tombons en pénurie à chaque saison froide.

Et en plus nous nous privons des moyens institutionnels de réduire la consommation : les ordonnances.

D’autant que la médecine a fait le tour des molécules qui permettent de se débarrasser des maladies infectieuses. Donc les antibiotiques, c’est bientôt fini.

Cela veut dire une catastrophe sanitaire considérable. C’est même l’État qui le souligne : en 2024, il évalue à 5500 par an le nombre de décès dus à des maladies infectieuses que les antibiotiques n’arrivent plus à traiter – essentiellement des maladies nosocomiales, qui circulent dans les hôpitaux[6].

Les projections à 2050 semblent un peu plus alarmistes : d’ici-là, près de 238 000 personnes devraient mourir de ces maladies en France.

Et si c’était beaucoup plus ?

La médecine médicamenteuse à bout de souffle

Le principe de la médecine médicamenteuse est formidable : vous inventez une molécule, elle permet de tuer des agents infectieux ou de les faire repérer par les anticorps (c’est le principe initial des vaccins), et la population va de suite beaucoup mieux.

Mais c’est oublier deux sciences auxquelles nous devrions être attentifs, et auxquelles l’État ne pense pas, parce qu’il n’est plus fait pour fonctionner sur le long terme : la biologie et l’économie.

1/ La médecine, c’est du vivant, et le vivant s’adapte. S’il ne s’agit que de tuer les organismes qui sont dangereux pour nous, tôt ou tard ceux-ci cherchent des parades pour continuer à vivre. C’est l’antibiorésistance.

2/ Ces médicaments, comme l’hygiène auparavant, réduisent la mortalité : de plus en plus d’êtres humains peuvent vivre avec une résistance immunitaire plus faible, notamment dans les pays chauds où la prolifération bactérienne est considérable. Partout dans le monde, la longévité augmente et la mortalité des populations en bas-âge se réduit. Mais globalement, cela se traduit aussi par un relâchement immunitaire de la population.

3/ Le facteur économique amplifie le phénomène : puisque les êtres humains peuvent vivre de plus en plus nombreux, avec une moindre résistance immunitaire, on favorise le rendement à la place de la qualité de la nourriture. On cherche à nourrir une population de plus en plus nombreuse avec une nourriture de moins en moins qualitative, et donc moins propice à la résistance immunitaire.

4/ La baisse de l’immunité générale induit une plus grande production d’antibiotiques pour satisfaire les besoins d’une population nombreuse mais immunodéprimée.

5/ Les industries agro-alimentaires et pharmaceutiques deviennent tellement puissantes qu’elles empêchent le système de se réformer. Pire : elles mettent en place des régimes de crise permanents où ce sont les médecins qui décident de ce qui est le mieux pour la population, comme nous l’avons vu durant la crise sanitaire.

Nous sommes arrivés au bout de ce cercle vicieux et il semble que, malgré le répit qu’a permis la résistance aux politiques sanitaires, l’antibiorésistance y mette un terme tôt ou tard…

Faut-il que le système s’effondre ?

Ce système de santé, qui fonctionne en symbiose avec l’industrie pharmaceutique, est déjà en train de s’effondrer. Et cet effondrement laisse arriver une autre médecine, qui surveille mieux la nutrition, qui s’intéresse de très près au microbiote intestinal…

Nous sommes donc dans une période de transition. Mais le spectre de la catastrophe est loin d’être conjuré.

Il est nécessaire, dès maintenant, que le gouvernement applique une politique drastique de réduction de la consommation d’antibiotiques, et qu’il applique des critères nutritionnels élevés.

Hélas, de ce côté-là, il s’est déjà heurté à un mur. La population de la France post-industrielle n’est plus assez riche pour se payer une nourriture de qualité et suivre la « montée en gamme » qu’implique le bio – en fait, le retour à une nourriture saine et riche pour tous.

Au contraire, le retour à une situation sanitaire d’avant-guerre, avec la nutrition pauvre d’aujourd’hui, laisse penser que les estimations du gouvernement quant à la mortalité due aux maladies infectieuses d’ici 25 ans sont loin d’être si alarmistes.

D’autant qu’une population de plus en plus nombreuse, qui s’appauvrit et qui est en contact avec tous les continents et donc tous les agents infectieux possibles, laisse augurer d’épidémies dévastatrices.

Celles-ci seront propices à la mise en place de gouvernements médicaux, qui feront tout pour promouvoir des remèdes qui ne résoudront rien, car pour eux, les crises sont des aubaines et la médecine est une rente, non pas une solution.

L’antibiorésistance n’est donc pas un sujet à prendre à la légère. C’est une véritable épée de Damoclès au-dessus de nos têtes – et personne ne veut relever la tête.

Passez-vous autant que possible des antibiotiques, pour vous et pour les autres.

Louis Volta 


Sources [1] https://www.20minutes.fr/sante/4145151-20250324-amoxicilline-antibiotique-plus-vendu-nouveau-disponible-quantite-suffisante#:~:text=L’Agence%20nationale%20de%20sécurité,allègement%20de%20certaines%20mesures%20exceptionnelles. – « L’amoxicilline, antibiotique le plus vendu, de nouveau disponible en quantité suffisante », in. 20 minutes, 24 mars 2025

[2] https://www.20minutes.fr/sante/4112192-20240926-antibiotique-amoxicilline-dont-stock-deja-tension-fait-objet-rappel-partiel – « L’antibiotique amoxicilline, dont le stock est déjà en tension, fait l’objet d’un rappel partiel », in. 20 minutes, 26 septembre 2024

[3] https://www.20minutes.fr/sante/4097563-20240622-afrique-inefficacite-antibiotiques-chez-enfants-devient-tres-preoccupante-selon-deux-etudes – « Afrique : l’inefficacité des antibiotiques chez les enfants devient “très préoccupante”, selon deux études », in. 20 minutes, 22 juin 2024

[4] https://www.20minutes.fr/sante/4051097-20230901-cistite-angines-pharmaciens-pourront-prescrire-antibiotiques-patients – « Cystites, angines… Les pharmaciens pourront prescrire des antibiotiques aux patients », in. 20 minutes, 1er septembre 2023

[5] https://www.20minutes.fr/sante/4054031-20230921-ventes-antibiotiques-unite-rendue-obligatoire-cas-penurie – « La vente d’antibiotiques à l’unité rendue obligatoire en cas de pénurie », in. 20 minutes, 21 septembre 2023

[6] https://www.20minutes.fr/sante/4054031-20230921-ventes-antibiotiques-unite-rendue-obligatoire-cas-penurie – « La vente d’antibiotiques à l’unité rendue obligatoire en cas de pénurie », in. 20 minutes, 21 septembre 2023

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Houdin
Houdin
il y a 18 jours

Bonjour, avant de prescrire un antibiotique le docteur doit demander un antibiogramme pour connaître l’antibiotique le plus efficace !!! Et cette arme n’est, à peu près, utilisée que par les homéopathes !!! C’est catastrophique !!! Bien cordialement,
Roger.

Sébastien
Sébastien
il y a 18 jours

Je comprends pas pourquoi dans mon cas quand je souffre d’une grosse rhino pharyngite ça passe pas ou c’est pénible longtemps, quand on fini par me prescrire un antibiotique ça passe en 3 jours alors que c’est viral!! Possible d’avoir une explication et des solutions éprouvées pour se soigner sans antibiotiques? Merci.

Dominique
Dominique
il y a 18 jours

Je stimule mes défenses immunitaires avec des huiles essentielles de la propolis…Je n’ai pas eu la grippe depuis très longtemps.Je ne me fais pas vacciner malgré mes 72 ans.Nos corps supportent de moins en moins les antibiotiques que nous avalons encore sans le savoir.J’hallucine quand je lis sur un emballage de poulet « élevé sans antibiotique « .

EVELINE
EVELINE
il y a 19 jours

souciait de

EVELINE
EVELINE
il y a 19 jours

bonjour n
si le gouvernement se souciais vraiment d la santé cela se saurait …Et il ne laisserait pas crever une petite société comme
Phaxiam qui fait des recherches sur la phagothérapie .

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